Les aidants des personnes âgées dépendantes en Auvergne-Rhône-Alpes

Les aidants des personnes âgées dépendantes en Auvergne-Rhône-Alpes

Décembre 2019
Rapporteur : Jean-Pierre GILQUIN
68 pages
1 heure(s) et 8 minute(s)
HandicapPersonnes âgées

Les conditions actuelles de prévention et prise en charge de la dépendance de la personne âgée impliquent grandement l’entourage (familial ou non). C’est à ces aidants des personnes âgées dépendantes que le CESER Auvergne-Rhône-Alpes a choisi de s’intéresser en tout premier lieu dans ce travail. Et ce pour deux raisons principales :

  • le nombre d’aidants va croître en proportion des personnes âgées dépendantes et ils seront peut-être même encore plus nombreux (numériquement et en proportion). Par ailleurs, l’aspiration de ces personnes âgées, dépendantes ou non, est derester maîtres de leurs choix de vie en souhaitant de plus en plus rester à domicile le plus longtemps possible ;
  • parallèlement, et malgré une désaffection sociétale qui commence à poindre pour l’accueil en établissement, des projections sur le long terme laissent apparaître le risque de saturation progressive des solutions d’accueil actuelles (EHPAD majoritairement). Déjà en tension dans certains territoires, l'engorgement des solutions d'accueil pour personnes âgées est prévisible dans le contexte du défi démographique à venir.

Face à cette situation, on entrevoit que les pouvoirs publics vont répondre de plus en plus par des dispositifs qui placeront tous les aidants en position centrale dans la prise en charge des personnes âgées dépendantes.

Dans cette étude, le CESER Lyon a ainsi cherché à savoir si les dispositifs actuels sont prêts à répondre aux besoins des aidants, non seulement aujourd’hui mais aussi demain, notamment dans le cadre du vieillissement global de la population.

Les conclusions de cette étude sont sans appel. Le Conseil Régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, grâce au travail mené par sa commission « Solidarités, inclusion sociale et santé » a pu ainsi se rendre compte que :

  1. les aménagements actuels ne répondent que très imparfaitement à la situation actuelle des aidants, tant nationalement que dans notre région.
  2. dans le contexte d’augmentation du nombre de personnes âgées dépendantes en Auvergne-Rhône-Alpes, ces aménagements, déjà trop peu nombreux, vont se révéler être largement insuffisants.
  3. une série de préconisations, si elles sont suivies, peut permettre de freiner, voire d’inverser cette tendance. C’est ce que propose le CESER dans sa contribution.

AXE 1 : DÉTECTION ET INFORMATION DE L’AIDANT

Préconisation 1 : dépistage et repérage

Le Conseil Économique, Social et Environnemental Régional préconise undépistage et repérage des aidants non professionnels à l’aide des organismes et professionnels du soin intervenant auprès des aidés. Ces organismes ou professionnels (et ils sont nombreux) doivent demander aux aidés dont ils ont connaissance d’identifier leurs aidants (principal, occasionnel, familial ou autre) à l’aide d’un court questionnaire

Préconisation 2 : repérage des jeunes aidants et action régionale

Pour les jeunes aidants, et comme cela s’est déjà fait pour les collégiens dans certains départements, un repérage de ce type pourrait opportunément être proposé dans les lycées régionaux. Dans le cadre de sa grande cause régionale 2019 sur les accidentés de la vie, le Conseil Régional doit venir en aide à ces lycéens jeunes aidants comme elle a choisi de le faire pour les bacheliers avec mention « très bien ».

Préconisation 3 : un lieu unique d’information

Information : la nécessité apparaît clairement d’un lieu d’information unique, à l’image de la « métropole » aidante, complété d’un site internet et d’un numéro vert 24/24 joignable en cas d’urgence et/ou de détresse de l’aidant. L’échelle territoriale de ce lieu doit être, au plus, départementale ou mieux, par bassins de vie.

AXE 2 : ACCOMPAGNEMENT ET SOUTIEN DE L’AIDANT

Préconisation 4 : du temps pour les aidants, rendre effectif le congé de proche aidant

Les aidants le disent : ils ont besoin de temps pour eux. Du temps de répit, du temps pour aider et aussi pour s’informer et se former au mieux. Pour cela il faut enfinrendre effectif le congé de proche aidant en le popularisant pour diminuer le phénomène de non-recours. Des aménagements de durée, de rémunération et de formation, répondant à une évaluation réelle des besoins de l’aidant, doivent pouvoir être proposés à ces proches aidants en activité. Ces aménagements doivent également bénéficier aux aidants non-actifs.

Préconisation 5 : développer des solutions de répit à la carte

Les solutions de répit sont encore trop peu nombreuses. L’offre de répit doit être très nettement développée, et ce, dans tous les territoires régionaux. Toutes les formes de répit doivent pouvoir y être proposées. Aujourd’hui, le soutien à toutes les initiatives nécessite d’être effectif afin que chacune d’entre elles puisse bâtir une offre décloisonnée et à la carte, condition nécessaire pour que le dispositif rencontre son public. Des efforts devront être faits pour que les dispositifs de répit puissent être également ouverts aux aidants des personnes ayant des pathologies psychiatriques ou des troubles du comportement

Préconisation 6 : proposer des soutiens et actions individuelles

L’État et l’ensemble des financeurs, via la Conférence des financeurs, doivent proposer aux aidants des actions individuelles et pas seulement collectives car ces actions individuelles d’aide à l’aidant sont les seules qui leur dégagent du temps.

AXE 3 : LE SUIVI DE L’AIDANT

Préconisation 7 : création d’un parcours de l’aidant

Le CESER Auvergne-Rhône-Alpes préconise la création d’un parcours de l’aidant, rythmé et phasé, pour un accompagnement global de ce dernier, à l’image du parcours de la personne âgée dans son avancée en âge. Cela suppose la reconnaissance et le financement de l’intervention du professionnel ou de la structure ayant en charge le suivi de l’aidant.

Préconisation 8 : un bilan pour l’aidant

En matière de prévention : un bilan médico-psycho-social, à l’image de ce qui peut être proposé à l’aidé, doit être systématiquement suggéré à l’aidant afin de prévenir les situations d’épuisement et repérer d’éventuels dysfonctionnements. Pour cela, il faut instaurer une visite médicale semestrielle du proche aidant.

Préconisation 9 : des moyens pour l’aidant

La reconnaissance par la société de l’utilité sociale du proche aidant passe par une mobilisation et une mise à disposition des moyens nécessaires pour remplir son rôle. Ceux-ci ne doivent pas se fonder exclusivement sur la situation du proche aidé et ne doivent en aucun cas être utilisés pour minorer les services et prestations attribués à la personne aidée.

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